Charlie Chine
La femme à la robe rouge
Performance
7 au 28 octobre > tout au long de [frasq] #9

La femme à la robe rouge est une performance qui sommeille. Tel un spectre suspendu à un cintre, elle attend l’arrivée du corps. Enfin, elle prend vie, s’active dans la foule et se déplace sans visages. Elle est la promesse d’un don : l’ubiquité, une présence discrète, un glitch qui se glisse, rouge, dans la rétine.
Au travers de la performance, qu’elle exécute elle-même ou encore qu‘elle confie à l’autre, elle cherche l’identité du geste. Son côté humainement unique, comme son empreinte. Charlie Chine pousse la répétition jusqu’à la performance physique, la transe. Le travail comme une forme de rituel. L’œuvre dont la forme varie en fonction de qui la réalise, se laisse surprendre par le geste de l’autre, l’artiste devient ici le commanditaire, le chef de chantier. Le temps devient la surface à l’intérieur duquel le protocole est activé (visser, peindre, tailler, casser…). Elle aime à considérer le White cube comme un lieu commun du travail. Celui de l’artiste, celui du galeriste, celui du gardien, de la femme de ménage, du peintre ou du régisseur, celui de l’hôtesse ou du chargé de communication, du commissaire ou de l’électricien. C’est en analysant leurs gestes et fonctions qu’elle développe une pratique qui se tourne vers l’invisible et ténu : faire œuvre, montrer de part la répétition, le geste. Charlie Chine observe et grossit les traits de pratiques banales, elle les répète en boucle, en rythme.
Biographie
« (…) Un certain nombre de documents ayant appartenu à Charlie Chine sont retrouvés à l’intérieur d’un secrétaire en bois acheté le 27 mai 2010 dans un vide grenier situé entre les rues Lassus, Delouvain et la rue de la Villette dans le XXème arrondissement de Paris. Ce meuble ancien, dont le vernis apparaissait encore par endroit, était destiné à mon bureau parisien auquel il manquait un support réservé à l’écriture.
De type Empire avec son abattant gainé de feutre vert élimé, il possédait un certain nombre de petits tiroirs tous fermés par de délicieuses serrures en bronze ternis. En jouant de la petite clé conservée jusque là, je réussis à ouvrir deux d’entre eux. Les autres restèrent fermés jusqu’à ce que ma curiosité soit plus forte que leurs serrures grippées.
C’était donc bien plus tard que je découvrais ce qu’ils pouvaient bien contenir. Autant de schémas, plans, croquis, idées, correspondances réduites en quelques feuillets essentiels coincés pêle-mêle dans deux carnets de cuir noir. Après de longs moments à penser songeuse à ce que je venais de découvrir, je décidais de poursuivre les travaux commencés par cette aïeule disparue, surement née aux alentours de 1880, dont on avait jusqu’alors entièrement perdu la trace. (…) »